GENTILE Claude, DBA

DBA Genève n°5 (2021)

Claude Gentile est titulaire de masters en gestion, en sciences juridiques et en psychologie des affaires, ainsi que d’un certificat en gouvernance d’entreprise. Il occupe des postes de direction et d’administrateur de sociétés suisses depuis 2000.

Il a soutenu en septembre 2021 son Executive Doctorate in Business Administration (EDBA) sur la résilience de l’entrepreneur(e). Sa thèse a été réalisée sous la direction de la Professeure Caroline Mothe (IAE Savoie Mont Blanc, France).

Direction de thèse

Pr. Mothe Caroline

Intitulé

La résilience de l’entrepreneur(e) : Recherche exploratoire dans le secteur numérique suisse

Résumé

L’entrepreneuriat joue en Suisse un rôle socio-économique considérable. Hormis la faillite, l’échec entrepreneurial tel que perçu par l’entrepreneur(e) peut prendre différentes formes, dont celle d’une révision profonde de son projet. En tant qu’individu clé, il/elle devra surmonter cette situation d’adversité et tentera d’épouser une trajectoire positive de développement personnel. Ce phénomène, objet de notre recherche, est appelé résilience de l’entrepreneur(e). D’un point de vue managérial et théorique, il est primordial de mieux comprendre comment celle-ci se construit, et ce tant au niveau des phases de son processus que des facteurs qui les influencent.

Nous avons collecté des récits de vie auprès de douze entrepreneurs du secteur numérique, rencontrés chacun à quatre reprises. Le matériau collecté a fait l’objet d’un codage émergent et d’une double validation afin de garantir un haut degré d’authenticité, puis d’une montée en abstraction « à la Gioia » (50 catégories de 1er niveau, 24 thèmes de 2ème niveau, 4 dimensions agrégées de 3ème niveau). Les données ont également été traitées par analyse textuelle grâce au logiciel Sphinx.

Les résultats montrent d’une part qu’il existe bel et bien un processus de résilience de l’entrepreneur(e) que l’on peut décrire et décomposer en différentes phases, d’autre part que certains facteurs essentiels ont été négligés jusqu’à présent dans la littérature. Ledit processus comprend les phases d’acceptation, résistance, résolution, rétablissement et développement personnel. La phase de résolution de la situation d’adversité, phase clé tant en termes de trajectoire mentale que d’évolution sur le terrain, s’avère directement influencée par l’action managériale. En sus, le sens des responsabilités (interne) et l’entourage professionnel (externe) de l’entrepreneur(e) ont émergé comme étant les facteurs les plus importants, notamment pour les phases de résistance et de résolution.

Dans une logique intégrative (phases du processus et facteurs de résilience à chaque phase), nous proposons un modèle processuel de résilience de l’entrepreneur(e). Les principales recommandations managériales portent sur l’anticipation de l’adversité chronique, la préservation de la liberté d’action et la focalisation sur des solutions concrètes. Les similitudes entre l’action managériale comme facteur de résolution face à une situation d’adversité et la logique d’action par « effectuation » en situation d’incertitude offrent la possibilité d’un ancrage de la résilience de l’entrepreneur(e) au sein de la théorie de l’effectuation. L’action managériale ouvre aussi une piste d’articulation entre résilience individuelle de l’entrepreneur(e) et résilience au niveau organisationnel.