NDIAYE Awa, DBA

Haut fonctionnaire depuis 2003, Awa Ndiaye épouse Diaw a évolué depuis plus de 20 ans dans la sphère publique : développement territorial, Mines, industries, finances publiques, gestion. Elle est actuellement Inspecteur général d’Etat, corps chargé des missions d’inspection, d’audit, de vérification, d’évaluation, d’étude et de recherche placé sous l’autorité du chef de l’Etat.

Elle a soutenu en octobre 2025 son Executive Doctorate of Business Administration (EDBA), sur le thème « Gestion du changement dans une organisation publique en contexte africain : en quoi la démarche qualité a-t-elle transformé la DMG/PR au Sénégal ? », sous la direction de Pr Françoise Chevalier, professeure à HEC Paris, France.

Pr. Chevalier Françoise

Gestion du changement dans une administration publique en contexte africain : En quoi la démarche qualité a-t-elle transformé la Direction des Moyens Généraux de la Présidence de la République au Sénégal ?

Depuis les indépendances à nos jours, plusieurs stratégies et réformes ont été menées pour sortir l’Afrique du cycle de pauvreté et de dépendance et favoriser une croissance économique et sociale du continent à travers plusieurs programmes et plans. Au Sénégal, 4 générations de réformes ont été enclenchées depuis les indépendances pour moderniser l’administration et favoriser le développement économique et social. Toutefois, nous notons la persistance de beaucoup de failles et d’insuffisances analysées dans la revue de littérature, à l’origine de l’insatisfaction des populations quant aux services rendus par l’administration. C’est dans ce contexte qu’au sein de l’espace UEMOA, une série de réformes a été engagée dont la plus en vue est la réforme des finances publiques qui impose, entre autres, aux Etats membres une mesure de la performance de l’action publique. C’est ainsi que la DMG/PR a saisi les opportunités de transformation offertes par un cadre règlementaire propice à la modernisation de l’Administration tout en empruntant des sentiers peu ou pas visités par les structures publiques avec la mise en œuvre d’une démarche qualité.

La revue de littérature a permis de faire le point sur la conduite du changement en contexte africain et particulièrement au Sénégal en partant de l’expérience de la DMG/PR, une administration publique. Conduite du changement dans un contexte marqué par la réforme des finances publiques au sein de l’espace UEMOA. Le choix de la démarche qualité opéré par la DMG nous a conduit, dans le cadre de la revue de littérature, à nous intéresser au concept du New Public Management (NPM) qui dans l’approche et les outils présente des liens avec la démarche qualité mais également à la mise en œuvre de la démarche qualité et les processus de certification. Il nous a surtout permis d’analyser la gestion du changement dans le cadre de la mise en œuvre de la démarche qualité. A cet effet, les dynamiques de changement ont été analysées et ont permis de décrire les processus de changement Pichault, Castro et Chevalier (2021) et d’analyser les travaux de recherche sur la conduite du changement dans l’administration publique Nouiker (2021), Guyon et al (2003).

La posture épistémologique adoptée nous a orientée, compte tenu de la question de recherche, vers une posture constructiviste et une méthode qualitative longitudinale de 5 années. Cette méthode s’est appuyée sur la collecte et le traitement de données à travers 42 entretiens semi-directifs auprès des parties intéressées (à savoir : le personnel de la DMG, les acteurs internes (ou clients internes et externes) et les acteurs externes ou fournisseurs de la DMG) et une auto-ethnographie réalisée par l’agent de changement (manageur-chercheur) avec une démarche inductive qui construit les éléments de théorisation au fil du travail et une approche chronologique longitudinale (avant le SMQ, au lancement du SMQ, au déploiement du SMQ et les résultats après déploiement). Cette posture, au-delà de l’identification des dynamiques organisationnelles à travers la perception des acteurs, a permis de prendre en compte une problématique cruciale : la contextualisation. Cette méthodologie nous a permis de recueillir un corpus de données important sur la base du retour d’expérience de l’agent de changement (manageur-chercheur) et des parties intéressées de la DMG. Mais auparavant, pour permettre une meilleure connaissance de l’entité, des changements organisationnels intervenus et une meilleure exploitation des résultats des données primaires (auto-ethnographie et entretiens semi-directifs), le contexte de la DMG (prenant en compte l’exploitation de données secondaires) a été présenté suivant le découpage longitudinale retenu dans le cadre de la méthodologie. Ainsi, à partir des perceptions individuelles des acteurs nous avons pu, identifier les dynamiques organisationnelles à l’œuvre et l’impact de la modernisation via la démarche qualité sur l’organisation, le fonctionnement et les performances de la DMG mais aussi l’impact de cette modernisation sur la résilience et la professionnalisation de l’entité et de ses équipes. Nous avons, également, pu analyser les dynamiques de changement observées à la DMG : avec un changement imposé par la réglementation, un changement choisi par la DMG avec la démarche qualité et un changement négocié avec les acteurs. Par la suite, l’analyse de la spécificité du contexte a permis d’identifier les leviers et barrières au déploiement de la démarche qualité dans un service public comme la DMG en contexte africain et sénégalais particulièrement.
L’exploitation de ces résultats nous a, ensuite, permis de passer à la formulation des recommandations managériales, véritable valeur ajoutée de cette thèse. Nous avons pu ainsi mettre en exergue les leviers du changement, les pièges à éviter et les conseils pratiques tenant compte de l’expérience de modernisation de la DMG, de la revue de littérature mais aussi de la méthodologie choisie.