
Professionnel du développement rural depuis 2004, P. Crépin Zoungrana a débuté sa carrière comme Responsable de la Biodiversité à la SOCOMA, avant d’occuper des fonctions stratégiques. Il est actuellement Chef de Service Formation, où il pilote la digitalisation agricole et renforce les capacités des acteurs du secteur coton.
Il a soutenu en octobre 2025 son Executive Doctorate of Business Administration (EDBA) sur le thème : « Mode managérial et performance sociale dans un contexte interculturel : étude de cas d’une filiale d’une multinationale au Burkina Faso », sous la direction de la Professeure Florence Laval, Université de Poitiers, France.
Direction de thèse
Pr. Laval Florence
Thèse de DBA
Mode managérial et performance sociale dans un contexte interculturel : étude de cas d’une filiale multinationale au Burkina Faso
Résumé
Le management en Afrique subsaharienne demeure traversé par des contradictions liées aux interactions entre logiques locales et modèles organisationnels importés. Ces tensions sont accentuées par des spécificités culturelles fortes, telles que la solidarité communautaire, le respect des hiérarchies traditionnelles ou la centralité des appartenances identitaires, souvent perçues comme des obstacles à la performance. Pourtant, comment expliquer que certaines organisations locales, malgré ce contexte, parviennent à développer des formes d’efficacité sociale et managériale notables ? Ce questionnement prend appui sur notre observation du cas de la filiale burkinabè que nous avons choisie d’étudier, marquée par une cohabitation entre gouvernance internationale et pratiques locales. Cette configuration hybride nous semble mériter une attention particulière, en ce qu’elle produit une performance sociale ancrée dans les réalités culturelles africaines.
Dès lors, notre problématique centrale se formule ainsi : comment le mode de management hybride influence-t-il la performance sociale des travailleurs dans le contexte interculturel d’une filiale de multinationale burkinabè ?
Notre objectif est de déconstruire certaines représentations stéréotypées du management en Afrique, souvent perçu comme figé, voire inadapté. Dans cette optique, nous aspirons modestement à proposer un modèle intégré de management, conciliant les référents culturels locaux et les exigences organisationnelles internationales. A travers une démarche qualitative, fondée sur une posture interprétativiste, notre étude explore les mécanismes par lesquels les pratiques managériales hybrides se construisent et s’adaptent aux réalités locales. L’analyse du mode de pilotage de l’entreprise étudiée met en évidence la capacité d’intégration de valeurs communautaires comme l’Ubuntu, tout en mobilisant des outils de conduite organisationnelle contemporains. Cette articulation originale permet non seulement d’assurer la cohésion interne, mais aussi de renforcer l’engagement des collaborateurs.
Les résultats que nous avons pu dégager suggèrent que l’hybridation des pratiques n’est pas une simple juxtaposition, mais une réelle synergie qui redéfinit les référentiels d’action dans les organisations africaines. Cette hybridation apparaît alors comme une piste féconde d’innovation sociale, de stabilité interne et d’amélioration de la performance globale.
Nous affirmons ainsi, avec prudence mais conviction, que le management africain, loin d’être une contrainte, peut devenir une ressource stratégique lorsqu’il est repensé dans une logique d’hybridation ancrée dans la culture locale.